Pourquoi les femmes boudent-elles les TI ?

Le Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC) a prévu la création de quelque 216 000 nouveaux emplois dans l’économie numérique au Canada d’ici 2021, pour atteindre un total de 1 637 000 postes. Plusieurs s’accompagnent de salaires et de conditions intéressantes. Pourtant, le CTIC remarque que, depuis une décennie, la proportion de femmes n’y dépasse pas 25 %. Pourquoi ?

Chloé Freslon, fondatrice du blogue URelles, productrice du balado du même nom et cofondatrice du Manifeste des femmes en tech, croit que si les femmes sont si peu nombreuses dans le monde des TI « c’est d’abord parce qu’elles choisissent rarement ces études-là, comme on ne leur présente pas les carrières sous un angle qui pourrait les intéresser : on montre un informaticien dans son sous-sol en train de hacker les gouvernements, pas en train de créer des applications pour le bien de l’humanité ».

La présidente-directrice générale de l’Association québécoise des technologies (AQT), Nicole Martel, abonde dans le même sens. « Les femmes ne sont pas conscientes de toutes les possibilités du secteur, dit-elle. Elles peuvent savoir coder ou être programmeuses, mais une entreprise en TI a aussi des besoins en finance, en marketing, en vente, en ressources humaines… Et elles peuvent devenir cheffes de pratique, parce que les TI visent toutes les industries. »

Les deux expertes insistent sur le fait que plusieurs entreprises de TI sont à la recherche d’employés aux compétences dites féminines, comme le travail d’équipe, la bonne communication, la curiosité et l’empathie. « En cybersécurité, il faut se mettre dans les souliers des pirates informatiques et se demander comment ils pourraient rendre le client vulnérable, illustre Mme Freslon. Pour ça, tu n’as pas besoin de savoir programmer. Il faut d’abord aimer fouiller et tenter d’entrer dans la tête des gens… »

Elle ajoute que « la pénurie de main-d’œuvre est beaucoup trop importante pour que les employeurs se permettent de refuser des candidates qui veulent des horaires plus flexibles ou faire du télétravail pour concilier leur vie personnelle et leur vie professionnelle ».

Enfin, de nombreuses entreprises semblent sous-estimer les inconforts que peut susciter leur environnement de travail. « Les lieux dégagent souvent une atmosphère plus masculine — l’accent est mis sur les sports, les toilettes ne sont pas adaptées, etc. — ce qui repousse certaines candidates, même si le poste les intéresse, fait remarquer Mme Martel. Les employeurs en TI devraient tendre vers une atmosphère non genrée… »

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